L'aulacodiculture

En Guinée, la chasse villageoise représente l'une des principales menaces qui pèsent sur l'hippopotame pygmée, espèce menacée en voie de disparition. Pour les populations locales, la consommation de viande de brousse constitue une source essentielle de protéines. Contrairement à la viande braconnée souvent mal conservée, la commercialisation de viande fraîche d'élevage fournit un travail et un revenu complémentaire très important.

 

Depuis plusieurs années, Sylvatrop mène de nombreuses études sur la chasse villageoise et le braconnage en Guinée.
Les résultats lui permettent d'avoir une vision intégrée des rapports entre activités cynégétiques et conservation du patrimoine faunique. Des expériences passées ont prouvé que la mise en place d'activités génératrices de revenus avait un impact positif, à la fois sur la réussite d'un programme de conservation d'espèces animales, mais aussi sur la régression du braconnage.

L'élevage d'aulacodes comme alternative économique à la chasse : un projet pilote dans le village de YOSSONO.

L'élevage d'aulacodes permet d'apporter une solution concrète aux besoins des populations. Il contribue également à la préservation de l'équilibre de l'écosystème de la région. Il est donc impératif d'y associer une formation sur les pratiques communautaires et durables de la chasse.

Un projet pilote d'élevage d'aulacodes est mené par Sylvatrop avec les populations de YOSSONO en Guinée Forestière. Ce village, situé en bordure de la Forêt Classée de Diécké, dispose des meilleurs atouts pour favoriser sa réussite. Notre dernière mission d'inventaire par piégeage photographique dans cette zone a mis en évidence la présence de l'hippopotame pygmée. Ces travaux ont également confirmé une pression cynégétique insoutenable pour le renouvellement des espèces.

En savoir plus sur l'élevage d'aulacodes

L'aulacode (Thryonomys swinderianus) appartient à l'ordre des rongeurs, ressemble à un cochon d'Inde et n'est pas une espèce menacée. Il ne vit que sur le continent africain mais n'est pas commun à tous les pays. Comme tous les rongeurs, il est considéré comme un animal nuisible, car il dévaste les cultures pour se nourrir. Sa densité est très forte à l'état sauvage en Afrique de l'Ouest. Sa viande est d'autant plus appréciée des populations locales qu'elle ne fait l'objet d'aucun tabou alimentaire. Elle est consommée par tous, sans discrimination religieuse et/ou ethnique. Les expériences réussies d'aulacodiculture, notamment en Guinée Forestière, ont encouragé les villageois de YOSSONO à entreprendre, à leur tour, cette activité génératrice de revenus.

En termes économiques, l'élevage d'aulacodes présente de nombreux avantages :

Dans le village de YOSSONO les populations sont demandeuses. Les villageois ont sollicité Sylvatrop pour la mise en place de l'aulacodiculture. Il est ainsi aisé de les convaincre et de les impliquer humainement et financièrement dans ce projet d'élevage. C'est ce que l'on appelle la « démarche participative ».
Les enjeux et les bénéfices de ce projet doivent ainsi être partagés et approuvés par tous. Pour y parvenir, des réunions de sensibilisation à une chasse communautaire et durable sont mises en place avec les villageois. Des formations, essentiellement pratiques, seront dispensées aux chasseurs par l'Institut de Recherche et de Vulgarisation de l'Aulacoderie en Guinée (IRAG).

En résumé, l'objectif de ce projet vise la préservation et la conservation de l'Hippopotame Pygmée, la diminution du braconnage, une source de protéines animales mais également la création d'emplois source de revenus pour les populations locales, évitant ainsi la désertification des villages.